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  • Euro NCAP 2026 : La fin de la dictature du « Bip » et du laboratoire ?

    Euro NCAP 2026 : La fin de la dictature du « Bip » et du laboratoire ?

    Pendant des années, nous avons subi des voitures qui sonnent, qui vibrent et qui tirent dans le volant, tout ça pour qu’un constructeur puisse coller un autocollant « 5 étoiles » sur sa brochure. Mais le vent tourne. L’organisme indépendant annonce une réforme majeure pour 2026. Il était temps de rappeler une vérité oubliée : Euro NCAP n’est pas la loi, et une aide à la conduite déconnectée par le conducteur est une sécurité qui ne sert à rien.

    C’est le rituel de tout conducteur moderne. On monte dans sa voiture, on démarre, et on passe les dix premières secondes à jouer au pianiste sur l’écran tactile pour désactiver le maintien dans la voie, l’alerte de survitesse et le start & stop. Pourquoi ? Parce que ces systèmes, censés nous sauver la vie, sont devenus insupportables au quotidien.

    La faute à qui ? En grande partie à l’Euro NCAP.

    Euro NCAP n’est pas le gouvernement

    Il faut tordre le cou à une idée reçue tenace : l’Euro NCAP n’est pas un organisme officiel. Ce n’est pas l’Union Européenne, ce n’est pas l’État. C’est une association internationale indépendante. Elle n’a aucun pouvoir législatif. Une voiture peut être parfaitement légale et homologuée avec 0 étoile (c’est arrivé à la Renault Zoé ou à la Dacia Spring, qui sont pourtant des voitures sûres structurellement).

    Le problème, c’est que le marketing a pris le pas sur la raison. Pour obtenir le Graal des 5 étoiles, les constructeurs se sont lancés dans une course à l’armement électronique. Le système de notation a fini par privilégier la quantité d’aides à la conduite (ADAS) au détriment parfois de la réalité du terrain.

    Le paradoxe de la sécurité « agressive »

    Le résultat de cette politique du chiffre ? Des voitures conçues pour briller dans un laboratoire aseptisé, mais qui deviennent des cauchemars sur une départementale française.

    Euro NCAP a fini par créer un effet pervers : l’électronique imposée pour avoir une bonne note est souvent si intrusive et mal calibrée que les conducteurs la déconnectent. Or, un système éteint offre 0% de sécurité. C’est l’échec total de la philosophie « tout technologique ».

    2026 : Le retour à la réalité ?

    Heureusement, l’organisme semble enfin faire son examen de conscience. Les nouvelles règles, qui entreront en vigueur en 2026, marquent un tournant que l’on espère décisif.

    1. La chasse aux « Bips » : Euro NCAP va enfin évaluer le caractère « agaçant » des systèmes. L’objectif est de tester les aides en conditions réelles, et plus seulement sur circuit. Si une voiture hurle à la mort parce que vous avez mordu une ligne blanche pour éviter un cycliste, elle sera pénalisée.
    2. L’ergonomie au cœur du crash-test : C’est la meilleure nouvelle. L’organisme va examiner l’emplacement et la clarté des commandes. Après des années à tolérer le « tout tactile » dangereux, Euro NCAP admet implicitement que devoir naviguer dans trois sous-menus pour allumer les essuie-glaces est un risque d’accident. Le retour des vrais boutons physiques est enfin encouragé.
    3. L’après-choc : Au-delà de l’électronique, des critères tangibles sont renforcés. Par exemple, les poignées de portes électriques (type Tesla) devront garantir une ouverture facile après un choc. BMW et Mercedes le font déjà, d’autres vont devoir revoir leur copie pour ne pas piéger les passagers.

    Un outil pour le client, pas pour le marketing

    Cette évolution est cruciale. Euro NCAP doit redevenir ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : un outil d’information pour le client, et non un concours de celui qui mettra le plus de capteurs pour satisfaire un algorithme de notation.

    La sécurité routière, la vraie, ne se mesure pas au nombre de bips par minute, mais à la capacité d’une voiture à protéger ses occupants sans distraire son conducteur. Espérons que 2026 marque la fin des voitures qui se conduisent contre nous, pour enfin retrouver des voitures qui se conduisent avec nous.

  • Le deal à mille milliards de dollars : Elon Musk vaut-il vraiment la fortune de Tesla ?

    Le deal à mille milliards de dollars : Elon Musk vaut-il vraiment la fortune de Tesla ?

    L’enjeu n’est plus seulement automobile, il est économique et culturel. Alors qu’Elon Musk menace ouvertement de réduire sa participation dans Tesla, voire de quitter l’entreprise, si sa part du capital n’atteint pas au moins 25 % – un seuil qu’il juge nécessaire pour contrer les tentatives d’OPA ou les actionnaires activistes – la Présidente du Conseil d’administration, Robyn Denholm, a répliqué avec une proposition de rémunération potentielle atteignant le vertigineux chiffre de mille milliards de dollars.

    Cette manœuvre n’est pas un simple ajustement salarial, mais une stratégie de verrouillage destinée à maintenir l’homme qui incarne la valeur boursière du groupe.

    L’effet Elon : quand le PDG est une bulle boursière

    Pour comprendre cette somme faramineuse, il faut analyser la valorisation actuelle de Tesla. L’indicateur clé est le ratio cours/bénéfice (P/E).

    • Un constructeur automobile classique comme GM évolue autour de 6 fois ses bénéfices annuels attendus.
    • Même un géant technologique hyper-performant comme Nvidia, moteur de la révolution IA, se négocie autour de 30 fois ses bénéfices.
    • Tesla, lui, frôle l’incroyable ratio de 170 fois ses bénéfices.

    Cette valorisation stratosphérique n’est plus liée à la vente de voitures — dont les profits et les volumes ont même fléchi récemment. Elle est intégralement basée sur le futur : les Robotaxis, les robots humanoïdes (Optimus) et le potentiel de l’Intelligence Artificielle promus par Musk. En clair, le cours de Tesla est une mise sur les promesses d’Elon Musk. Son départ provoquerait, de l’avis général, un effondrement immédiat du cours.

    Un accord non-cash aux objectifs fous

    Si le montant des mille milliards de dollars fait les gros titres, il est important d’en décortiquer la structure, car aucune partie n’est versée en espèces (cash) :

    1. Rémunération 100 % en Actions : Musk ne reçoit ni salaire ni bonus en espèces. La somme est la valeur potentielle des 12 % d’actions supplémentaires qu’il recevrait.
    2. Objectifs Sensationnels : Pour que l’intégralité de la somme soit versée (en actions), Tesla devrait multiplier sa capitalisation boursière par huit, atteignant 8 500 milliards de dollars, et multiplier ses bénéfices ajustés par 24, atteignant 400 milliards de dollars.
    3. Déclencheurs progressifs : Les actions sont débloquées en douze tranches. La première n’est activée que lorsque Tesla double sa valeur pour atteindre 2 000 milliards de dollars.

    L’objectif réel de Musk n’est pas la richesse (il est déjà l’un des hommes les plus fortunés du monde), mais le contrôle. Ce deal lui permettrait d’atteindre entre 25 et 32 % du capital, lui conférant une influence quasi-dictatoriale et la capacité de bloquer les prises de contrôle hostiles.

    Le scénario de la rupture : Tesla sans Musk

    Malgré l’urgence des actionnaires à sécuriser Musk, des contestations judiciaires passées ont déjà annulé un deal similaire (de 56 milliards de dollars) et de nouvelles batailles légales sont probables. Que se passerait-il si Musk quittait vraiment ?

    Tesla serait immédiatement valorisée comme une entreprise automobile conventionnelle, ce qui signifierait un crash boursier majeur. Ironiquement, cela pourrait créer les conditions d’une Tesla plus saine et plus focalisée :

    • Retour au Noyau : Un nouveau PDG pourrait se désintéresser des robots Optimus pour se concentrer sur le cœur de métier : l’automobile.
    • Renouvellement de la Gamme : La gamme Tesla est vieillissante. Un nouveau leadership pourrait lancer des remplaçants et combler des lacunes évidentes, notamment le fameux modèle d’entrée de gamme à 25 000 dollars, le « Model 2 », qui a été mis de côté au profit de la vision Robotaxi.
    • Le Retour des Talents : Le départ de Musk pourrait inciter de nombreux cadres supérieurs qui ont récemment quitté Tesla (comme l’ex-CTO JB Straubel, ou des figures clés de la robotique et de la batterie) à revenir ou à cesser d’aider la concurrence. Des personnalités de haut vol, comme Doug Field (aujourd’hui chez Ford) ou Sterling Anderson (chez GM), pourraient même être tentées de reprendre les rênes.

    Sans le rêve de la Robot-nation de Musk, Tesla perdrait peut-être sa plus-value boursière spéculative, mais pourrait retrouver une efficacité opérationnelle face à la concurrence féroce des constructeurs chinois comme BYD. Le futur de Tesla est donc un dilemme : le génie dictatorial et risqué d’Elon, ou la gestion automobile et pragmatique d’un successeur.

    A moins que ce ne soit que du story-telling…

  • Elon Musk à Washington : un crash-test grandeur nature de la gouvernance par l’ingénierie

    Elon Musk à Washington : un crash-test grandeur nature de la gouvernance par l’ingénierie

    La rumeur prétendait qu’il allait « hacker » l’administration fédérale comme il a bouleversé l’automobile et l’aérospatial. Elon Musk, promu « employé gouvernemental spécial » pour une mission de 130 jours à la tête d’un improbable « Department of Government Efficiency » (DOGE, comme la crypto qu’il chérit tant), a livré un spectacle à mi-chemin entre la farce technocratique et le drame bureaucratique.

    Dans le rôle de la promesse de rationalisation, Musk s’est engagé à sabrer 2 000 milliards de dollars de dépenses publiques. À l’arrivée, selon les chiffres même de son équipe (discutables, comme souvent), le gain serait de 175 milliards… mais les coupes brutales auraient coûté, net, 135 milliards en pertes économiques et sociales, d’après plusieurs analyses indépendantes.

    Parmi les victimes prioritaires de cette croisade : USAID, l’agence d’aide internationale, quasiment démantelée. 80 % de ses programmes supprimés, des conséquences directes sur les pays qui survivent grâce aux subventions des pays occidentaux, Etats-Unis en tête. Le tout pour satisfaire une vision froide de la performance étatique, où chaque dollar doit être justifié comme sur un tableur Excel. Une approche qui, transposée à Tesla, aurait sans doute condamné la Model S dès son lancement.

    L’homme qui voulait coder la politique

    Musk à Washington, c’est une sorte de crossover entre House of Cards et Silicon Valley. Sauf que cette fois, le héros autoproclamé s’est brûlé les ailes. Il faut dire que l’homme arrive avec une aura de démiurge industriel : Tesla, SpaceX, Neuralink… et cette capacité rare à tordre le réel par la volonté. Mais ce pouvoir se heurte ici à une matière plus rétive : la démocratie représentative, les contre-pouvoirs, les contraintes sociales.

    Les décisions furent expéditives, souvent chaotiques. Licenciements de fonctionnaires en masse, arrêt brutal de programmes sans évaluation d’impact, management sous MDMA – littéralement, selon des accusations non confirmées mais abondamment relayées. L’homme le plus riche du monde, entouré d’un cercle de fidèles souvent plus proches du culte que du cabinet ministériel, a confondu la Maison-Blanche avec un plateau de lancement SpaceX.

    Un échec programmé

    Pourquoi a-t-il échoué ? Pas faute d’ambition, mais plutôt à cause de son absence de modestie politique. Matt Bai, dans le Washington Post, résume crûment : « Il a échoué parce que ses idées étaient si désespérément petites. » La révolution qu’on attendait s’est résumée à une purge sans vision, à des slogans libertariens usés jusqu’à la corde. Les programmes de « marionnettes transgenres au Guatemala », moqués dans les médias conservateurs, sont devenus des cibles faciles – mais symboliques – d’un Musk en quête de totems à brûler.

    Sa plus grande réussite ? Avoir humilié le fonctionnement gouvernemental autant que lui-même. À coups de tweets absurdes, de provocations esthétiques (saluts douteux, tenues enfantines, chaînes en or), et d’une gestion RH qu’on croirait tirée d’un roman de Michel Houellebecq.

    Une leçon pour l’automobile

    Que retenir de ce détour politique pour le monde de l’automobile ? Peut-être ceci : la disruption n’est pas un système de gouvernement. Ce qui fonctionne pour forcer un secteur à évoluer – batteries, propulsion électrique, conquête spatiale – ne fonctionne pas nécessairement pour gérer la complexité humaine. Le Musk qui a fait rêver les amateurs de technologies en abaissant le coût des lancements orbitaux et en industrialisant l’électrique se révèle incapable de structurer une action publique cohérente.

    Le parallèle avec les difficultés actuelles de Tesla est tentant. Alors que ses ventes fléchissent, que la concurrence chinoise grignote ses parts de marché, que les promesses de conduite autonome s’éternisent, Musk semble de plus en plus tenté par la fuite en avant idéologique plutôt que la consolidation industrielle. Il lui sera sans doute plus difficile de convaincre les investisseurs, désormais que sa réputation de visionnaire s’est noyée dans les eaux troubles de la politique.

    Un retour à la réalité

    À l’heure du départ, Musk quitte Washington avec un goût amer. Dace Potas, dans USA Today, note qu’il a fait « un effort sincère » pour réduire la taille de l’État… mais qu’il a été utilisé comme paravent par des Républicains trop heureux de le laisser s’empoisonner avec un projet impossible. Le projet de loi budgétaire final, qu’il a lui-même appelé une « abomination répugnante », contient un déficit supplémentaire de 3 600 milliards de dollars.

    Peut-être qu’un jour, ses fusées atteindront Mars. Mais à Washington, Elon Musk a surtout prouvé qu’on ne gouverne pas un pays comme on assemble une Model Y.

    Et si Musk avait raison ?

    Sans chercher à s’enfermer dans une posture systématiquement anti-Musk, ne perçoit-on pas ici un symptôme révélateur de la politique occidentale contemporaine ? Aux États-Unis comme en Europe, les gouvernements semblent paralysés par un immobilisme entretenu à la fois par une classe politique installée et par les fameux « partenaires sociaux », souvent arc-boutés sur la défense d’un statu quo dans lequel ils trouvent leur équilibre, sinon leur intérêt.

    En tentant, à sa manière, de réécrire les règles de la politique américaine, Musk s’est heurté à un mur. Syndicats, gardiens de l’orthodoxie institutionnelle, forces médiatiques et mouvances idéologiques diverses – de ce qu’il qualifie lui-même de « bien-pensance » à une gauche américaine qu’il considère plus dogmatique que réformiste – ont rapidement transformé son projet en champ de bataille. Pris dans les contradictions de son propre discours et confronté à des résistances bien enracinées, il a été politiquement broyé.

    En France, la start-up nation a été sacrifiée de la même manière. L’immobilisme reste et restera roi.

  • Jeremy Clarkson traite Elon Musk d’« idiot » et jubile face aux déboires de Tesla

    Jeremy Clarkson traite Elon Musk d’« idiot » et jubile face aux déboires de Tesla

    La vieille querelle entre Jeremy Clarkson et Elon Musk connaît un nouveau chapitre. L’ancien animateur de Top Gear n’a pas mâché ses mots à l’égard du patron de Tesla, le qualifiant d’« idiot » et se délectant ouvertement des difficultés actuelles rencontrées par la marque automobile.

    Un conflit ancien remis au goût du jour

    Dans une chronique récente pour le Sunday Times britannique, Jeremy Clarkson a de nouveau ciblé Elon Musk. Ses commentaires interviennent alors que Tesla fait face à une baisse significative de ses ventes et à des actes de vandalisme visant ses véhicules et showrooms. Pour Clarkson, ces déboires sont une sorte de « retour de bâton ».

    Le conflit entre les deux hommes remonte à 2008. À l’époque, dans Top Gear sur la BBC, Clarkson avait réalisé un essai critique du premier Tesla Roadster. Le reportage montrait notamment la voiture avec des problèmes de freins et une autonomie prétendument limitée à 55 miles (environ 88 km), bien que Clarkson ait plus tard précisé dans sa chronique que le souci principal concernait la fiabilité générale, le prix élevé et la tenue de route.

    Mécontent, Elon Musk avait intenté un procès en diffamation contre la BBC, accusant Clarkson d’être partial contre les voitures électriques et d’avoir écrit sa critique avant même d’essayer la voiture. Tesla a cependant perdu ce procès en 2011, ainsi que l’appel en 2013. Selon Clarkson, Musk n’a jamais digéré cette défaite.

    De son côté, Musk avait déclaré en 2013 que Top Gear privilégiait le divertissement à l’information factuelle.

    Clarkson savoure sa « victoire »

    Aujourd’hui, face aux difficultés de Tesla – dont les ventes en Europe ont chuté de 44% le mois dernier – Clarkson ne cache pas sa satisfaction. « La décision soudaine et mondiale de ne plus soutenir Tesla et de casser les rétroviseurs d’autant de ses voitures que possible n’est pas drôle », écrit-il, avant d’ajouter : « Mais c’est aussi plutôt hilarant. Surtout si vous êtes moi. »

    Il enfonce le clou : « J’adorerais rappeler à tous les conducteurs de Tesla que je vous avais prévenus il y a 17 ans que rien de bon ne sortirait de votre choix d’achat. Mais vous n’avez pas écouté. Vous avez choisi de croire M. Musk. »

    Clarkson rapporte même une anecdote cinglante : un de ses amis aurait apposé un autocollant sur sa propre Tesla indiquant « qu’il l’avait achetée avant de savoir que Musk était un idiot ».

    Faisant référence à une autre polémique où Musk avait traité de « pedo guy » un spéléologue britannique impliqué dans le sauvetage d’enfants en Thaïlande (affaire pour laquelle Musk a été poursuivi mais a gagné), Clarkson ajoute : « J’aurais vraiment dû le poursuivre en retour [pour l’affaire Top Gear], mais je craignais qu’il ne me traite de pédophile, alors j’ai simplement attendu sur la rive que son corps flotte jusqu’à moi. Et maintenant, c’est le cas. »

    Pour Jeremy Clarkson, les problèmes actuels de Tesla sont directement liés à la personnalité et aux prises de position publiques de plus en plus controversées d’Elon Musk. L’animateur britannique semble savourer ce qu’il perçoit comme une revanche tardive, se sentant validé dans ses critiques initiales émises il y a près de deux décennies. L’avenir dira comment la double casquette d’Elon Musk, entre affaires et politique, influencera durablement la réputation et les performances de Tesla.

  • « Don’t Buy a Swasticar »

    « Don’t Buy a Swasticar »

    Il fut un temps où tout ce que touchait Elon Musk se transformait en or. Mais ce printemps 2025, Tesla traverse une crise sans précédent. Une chute brutale de ses ventes, une image écornée dans le monde entier, un cours de Bourse en chute libre : derrière cette dégringolade, un seul nom revient avec insistance. Celui du patron lui-même.

    L’électrochoc Trump

    Tout commence en novembre 2024, quand Donald Trump remporte un second mandat présidentiel aux États-Unis. Elon Musk, qui avait multiplié les déclarations ambiguës, bascule alors ouvertement dans le camp du milliardaire populiste. Promis à un rôle au sein de la nouvelle administration, Musk s’affiche comme un soutien de premier plan du 45e président des États-Unis. Mais cette politisation de plus en plus assumée va provoquer un effet boomerang.

    Moins d’un mois après l’élection, l’action Tesla atteint un record historique de 462 dollars le 18 décembre. Mais le 13 mars, elle tombe à 210 dollars, soit une perte de 54 % de sa valeur en moins de trois mois. Une chute vertigineuse qui reflète un malaise bien plus profond.

    Un PDG devenu fardeau

    En l’espace de quelques semaines, Elon Musk enchaîne les provocations. Soutien au parti d’extrême droite allemand AfD – « le seul qui peut sauver l’Allemagne » selon lui –, interview sur sa plateforme X avec Alice Weidel (coprésidente du parti), saluts ambigus lors de l’investiture de Trump, sorties incendiaires contre l’Ukraine, l’OTAN ou l’Union européenne… Le patron de Tesla est partout, sauf là où on l’attend : au volant de son entreprise.

    Or, chez Tesla, la frontière entre la marque et son patron a toujours été poreuse. Musk incarne Tesla. Mais lorsqu’il devient la figure la plus clivante de la planète, c’est toute la marque qui en paie le prix.

    Un boycott diffus mais réel

    L’image publique de Tesla se détériore à grande vitesse. De Berlin à Milan, les protestations se multiplient. En Allemagne, des activistes projettent le mot « Heil » en lettres géantes à côté du logo lumineux de l’usine de Grünheide, à quelques kilomètres de Berlin. En Italie, des élus de gauche comme Nicola Fratoianni et Elisabetta Piccolotti annoncent publiquement vouloir vendre leur Model Y pour se désolidariser de Musk. À Milan toujours, des militants d’Extinction Rebellion occupent le showroom Tesla de la Piazza Gae Aulenti.

    Même au sein des Tesla Clubs, jusque-là fidèles au poste, la fracture est réelle. Stéphane Pascalon, président du Tesla Club Québec, confie que la moitié des membres ne souhaitent plus participer aux événements publics liés à la marque. En Italie, Filippo Lagni, à la tête du Tesla Club local (16 000 membres), constate que « l’attitude politique de Musk devient un frein à l’achat » pour une partie de la communauté. Et il promet un sondage pour mesurer l’ampleur du phénomène.

    Des ventes en chute libre

    La réaction du marché ne s’est pas fait attendre. En Europe, Tesla dévisse. En Allemagne, les ventes de janvier et février 2025 accusent un recul de 70,6 % par rapport à l’année précédente. En Italie, la chute atteint -44,5 %. Même en Chine, où les déclarations politiques de Musk sont relativement ignorées grâce à la censure, Tesla souffre de la concurrence croissante des constructeurs locaux, bien plus avancés sur les logiciels embarqués. Résultat : -11,6 % en janvier, -20,5 % en février.

    Aux États-Unis, la baisse est moins brutale (-11 % en janvier, -5,6 % en février), mais elle est compensée artificiellement par un sursaut d’achats anticipés, dû à l’annonce de la suppression prochaine du crédit d’impôt fédéral de 7 500 dollars.

    Tesla, une marque au-delà du produit

    Depuis ses débuts, Tesla ne vend pas seulement des voitures. Elle vend un imaginaire. Comme Apple, la marque a su se positionner comme une expérience globale, où le véhicule devient le vecteur d’un style de vie — entre technologie de pointe, transition écologique et distinction sociale. Acheter une Tesla, c’était affirmer sa modernité, son goût pour l’innovation, et souvent sa volonté de rompre avec les codes de l’automobile traditionnelle. Cette logique d’ »expérience company », dans laquelle le produit s’efface derrière l’image, a longtemps servi la croissance de Tesla. Mais elle en rend aujourd’hui la clientèle d’autant plus vulnérable aux prises de position de sa tête d’affiche. Car lorsque l’identité de marque repose sur la personnalité d’un homme, chaque dérapage de ce dernier devient une atteinte directe à l’expérience vendue. Or, pour des consommateurs en quête de valeurs ou d’exemplarité, l’image a autant — sinon plus — de poids que les performances techniques.

    Une gamme vieillissante, des promesses en retard

    Au-delà du contexte politique, la stratégie industrielle de Tesla inquiète. La gamme reste figée, avec des Model S et X qui n’ont pas évolué depuis 2021. La Model 3 a été restylée fin 2023, et la Model Y vient d’être actualisée. Mais les modèles à venir — la Roadster, le Robotaxi (rebaptisé Cybercab) ou la petite Model 2 — restent à l’état de promesses. Quant au Cybertruck, son impact commercial reste marginal pour l’instant.

    À la gigafactory de Grünheide, l’ambiance est délétère. Le taux d’absentéisme atteint 17 %, selon la direction, qui mène une véritable croisade contre les arrêts maladie abusifs, allant jusqu’à effectuer des visites surprises au domicile des salariés. Le climat social, tout comme les perspectives commerciales, sont au rouge.

    Le retour à la raison ?

    Malgré tout, certains investisseurs espèrent encore que Musk revienne à ses fondamentaux : l’innovation technologique, l’excellence industrielle, la conquête spatiale. Sur les forums, beaucoup de fans historiques demandent à ce que le patron quitte la scène politique pour se recentrer sur Tesla. D’autres, au contraire, continuent à le défendre bec et ongles, en considérant qu’il reste un génie visionnaire, incompris et combattu par l’establishment.

    Mais pour beaucoup, la magie est rompue. Le slogan « Don’t buy a swasticar » (jeu de mot associant « swastika » et « car ») qui circule sur les réseaux sociaux, même s’il est exagérément provocateur, montre l’ampleur du rejet actuel.

    Tesla est plus que jamais à la croisée des chemins. Si l’entreprise veut retrouver son aura, elle devra peut-être commencer par se réinventer… sans son fondateur. Dans un marché devenu hautement concurrentiel, l’arrogance ne suffit plus. Il est temps de redonner la priorité à l’automobile, et de ranger les postures politiques au garage.

  • Elon Musk a voulu vendre Tesla à Apple, mais Tim Cook ne se souvient pas

    Elon Musk a voulu vendre Tesla à Apple, mais Tim Cook ne se souvient pas

    Dans une réalité alternative, Apple aurait peut-être absorbé Tesla, une hypothèse conditionnelle à un dialogue inexistant entre les dirigeants de chaque entreprise, Elon Musk et Tim Cook.

    À un moment critique pour Tesla, au milieu de ses défis de production du Model 3, Elon Musk a sollicité l’intervention d’Apple pour une éventuelle acquisition, comme il l’a mentionné dans un tweet de 2020 souligné par CNBC. C’était une période marquée par des difficultés économiques et des obstacles de production pour le géant des véhicules électriques. Musk visait à discuter de l’acquisition de Tesla avec Tim Cook pendant ces « jours les plus sombres », comme il les appelait, mais Musk a révélé que Cook avait refusé la réunion. Avec le recul, la décision de Cook semble être un tournant décisif, compte tenu de l’ascension ultérieure de Tesla et de son rôle transformateur dans l’industrie automobile.

    Le journaliste Ross Gerber a confirmé cela. « Je m’en souviens tellement bien. Je l’ai dit à Cook. Achetez Tesla, achetez Tesla. Il n’y a même pas eu une réunion… », a-t-il déclaré dans un tweet de 2020.

    Plus tard, Cook a partagé sa perspective. Selon IndiaTimes, Tim Cook a déclaré : « Vous savez, je n’ai jamais parlé à Elon. Et il y a beaucoup d’entreprises là-bas que nous aurions pu acheter à différents moments, probablement. Mais je me sens vraiment bien là où nous sommes aujourd’hui. »

    La déclaration de Cook suggère un possible oubli ou une omission délibérée de la proposition. Il a également ajouté : « Je ne me souviens pas que cela se soit passé de cette manière. Mais s’il dit que c’est le cas, je prends ses paroles pour argent comptant. »

    Cet épisode souligne une fusion potentiellement révolutionnaire dans les domaines de la technologie et de l’automobile. Pour Musk, cela représentait une quête de secours pendant les moments difficiles de Tesla. Pour Tim Cook et Apple, cela marquait un moment décisif, optant pour continuer leur chemin établi de stratégie et d’innovation produit plutôt que d’explorer de nouvelles voies automobiles, voire de se concentrer sur le projet Titan désormais arrêté.

    Avec le recul, la décision de Cook de ne pas poursuivre l’offre de Musk semble être un tournant significatif. Elle met en lumière la nature imprévisible de l’industrie technologique, où l’incertitude d’aujourd’hui peut conduire au succès de demain. Le parcours de Tesla depuis lors a été une ascension fulgurante.

     

  • Elon Musk en pilotage autonome

    Elon Musk en pilotage autonome

    La mi-août va devenir un moment privilégié pour les psychologues de l’industrie automobile… Après la sortie déjà légendaire de Carlos Tavares un 14 août chez Bloomberg, c’est au tour d’Elon Musk de tout déballer dans une interview publiée dans le New York Times ce 16 août.

    Au cœur de la Silicon Valley, il y avait un vide après la mort de Steve Jobs, le gourou visionnaire, fondateur, fossoyeur et sauveur d’Apple. Quelques noms sont sortis pour inspirer les milliers d’ambitieux de la région et les rêveurs du monde entier ; un seul s’est imposé. Elon Musk est un personnage de pop culture qui tranche singulièrement du souvenir laissé par Jobs. Né en Afrique du Sud, il n’est pas l’homme d’une seule marque, loin de là. Après avoir cofondé et vendu Zip2 alors qu’il était à l’université de Standord, Elon Musk participe à la création d’une banque en ligne baptisée X.com. Un an plus tard, X.com fusionne avec Confinity dont le programme PayPal va devenir le département clé. Boursier sept ans plus tôt, il récupère 175 millions de dollars de la vente de PayPal à eBay pour 1,5 milliard !

    Nous sommes en 2002, l’accord est en train de se faire avec eBay. Elon Musk lance son plus gros projet : SpaceX. L’objectif est de diviser le coût d’un transport spatial par dix grâce à des lanceurs réutilisables et de convaincre la NASA de lui faire confiance. Le premier contrat, d’un montant de 1,6 milliard de dollars, sera signé en décembre 2008.

    Mais ce n’est pas pour la conquête de l’espace qu’Elon Musk construit sa légende… C’est en intégrant Tesla. À Palo Alto, Martin Eberhard et Marc Tarpenning rêvent d’un roadster électrique. En 2004, Musk investit dans leur projet. Il s’implique, mais la marque peine à générer des bénéfices. En 2008, quelques semaines avant la signature du contrat de SpaceX avec la NASA, Tesla ne peut plus payer ses factures. Elon Musk parvient à boucler un nouveau tour de table avec des investisseurs pour sauver l’entreprise et en prendre le contrôle.

    Loin des quelques centaines de Roadster qui commencent à être distribuées cette année-là, Elon Musk est beaucoup plus ambitieux. Il veut bousculer l’industrie automobile en proposant une gamme de modèles 100 % électrique. Model S, Model Y, Model 3, Tesla atteint son objectif. Elle devient la référence mondiale de l’automobile électrique et des technologies du futur. Elon Musk est cité comme le plus grand visionnaire de son temps. Il continue de vouloir changer le monde avec Hyperloop – une capsule capable de se déplacer à 1 200 km/h –, Powerwall – une batterie domestique – et beaucoup d’autres projets plus ou moins sérieux avec The Boring Company.

    Cette capacité à lancer les tendances, dans plusieurs directions, en fait la coqueluche des médias. Il multiple les unes des magazines et s’offre des apparitions dans des séries à succès. Nouveau gourou de la Silicon Valley, le Real Tony Stark parvient à convaincre les investisseurs de le suivre et le cours de bourse de Tesla progresse à rythme soutenu, tandis que les résultats financiers sont régulièrement décevants. Mais cette soif de vouloir être là, tout le temps, pose également des problèmes.

    Son omniprésence sur Twitter provoque des polémiques, même s’il n’est que timidement dans le top 100 des comptes les plus suivis. Cet été, en cherchant à inventer un mini sous-marin pour venir en aide à des jeunes bloqués dans une grotte inondée en Thaïlande, il s’est englué dans un échange cinglant avec un spéléologue britannique qui a participé au sauvetage réussi. Quand on lui a reproché d’essayer de se faire un coup de pub, il a répondu qu’il pariait que le spéléologue devait être pédophile. Ses excuses ne se sont pas fait attendre, mais son compte Twitter – qu’il contrôle seul – a montré son manque de maîtrise face à la critique.

    Il y a deux ans, un futur client de Tesla avait sévèrement commenté la prestation du businessman lors de la révélation de Model X… La tribune sur Medium a eu une conséquence directe : Elon Musk a annulé le bon de commande et rendu les 5 000 dollars déposés, sans oublier de le signaler sur Twitter.

    L’histoire du spéléologue avait fait chuter l’action Tesla de 3 %. Et la presse avait plus largement réagi sur le manque de discernement très affiché… C’était pourtant loin de mener à une remise en question de l’utilisation de Twitter par l’ancien conseiller de Donald Trump.

    Le 7 août 2018, il lance un tweet : « J’envisage de retirer Tesla du marché à 420 dollars. Les fonds sont garantis. »

    Nous sommes un jeudi. L’homme de 47 ans est en route pour l’aéroport afin de se rendre dans sa Gigafactory dans le Nevada. La bourse est ouverte et elle s’emballe ! De 341 dollars, l’action monte à plus de 387 dollars en séance. Le message de Musk est clair : il montre qu’il peut jouer avec le cours de Tesla. C’est sa réponse aux interrogations des médias sur sa capacité à rendre l’entreprise rentable, mais aussi au marché qui s’amuse continuellement avec les cours.

    Tesla n’a jamais distribué le moindre dividende à ses actionnaires. Les investisseurs de longue date doivent croire au projet et les autres se sucrent sur les fluctuations d’une valeur qui dépasse celles du Groupe Renault et du Groupe PSA réunis, ou des conglomérats américains que sont General Motors et Ford. Tesla est un monstre du capitalisme. Dans le courant de l’année, un quart des actions du flottant était vendue à découvert. C’est-à-dire que le vendeur vend une action qu’il ne détiendra qu’au moment effectif de la vente… Il ne l’achètera qu’à ce moment-là, en misant sur une baisse à venir.

    En manque de liquidité, Tesla s’en remet à sa capitalisation boursière pour faire perdurer le rêve. Mais la plus grande force de l’entreprise est également sa plus grande faiblesse. En assurant qu’il possédait les fonds pour sortir Tesla du marché, Elon Musk espérait l’appui du fonds souverain saoudien. Les frasques du patron et l’enquête ouverte par la SEC à l’encontre du message d’Elon Musk ont déjà fait reculer les décideurs asiatiques. D’après Reuters, le fonds a programmé un investissement d’un milliard de dollars dans Lucid Motors, fondé par un ancien de Tesla et soutenu par des industriels chinois, avec l’objectif d’en prendre le contrôle. Chose qui n’arrivera jamais avec Elon Musk. Et c’est là que le problème est bien visible. Qui entrera dans une entreprise dont on ne pourra pas contrôler la direction, valorisée à plus de 50 milliards de dollars sans faire de bénéfice annuel ?

    Toujours sur Twitter, Elon Musk ironise sur les articles qui évoquent une crise de trésorerie et la nécessité de lever 3 milliards de dollars pour terminer l’année. Les fournisseurs de Tesla ont laissé entendre qu’il leur avait été demandé de réduire encore leurs coûts et certains commencent à croire qu’ils ne seront pas payés.

    L’interview du New York Times visait à le rendre plus humain. Elle n’a fait qu’accompagner l’action de Tesla à la baisse. En se confiant, Elon Musk a-t-il atteint son objectif ? On y voit un monstre de travail en fin de course : « L’année a été la plus difficile et la plus douloureuse de ma carrière. C’était insoutenable. »

    À vouloir tout contrôler, sur plusieurs entreprises, le néo-Américain s’est usé. Et les recherches de numéros 2, qu’il réfute, ne portent pas leurs fruits. Ceux qui ont réussi à grimper les échelons pour se retrouver assez proche du patron ont tous fini par aller voir ailleurs. Et personne, en interne, ne tente de s’interposer. Dans les pages du New York Times, Elon Musk n’hésite pas à se défendre au sujet du tweet du 7 août : « Je n’ai eu aucun message du board. Non, je n’ai pas eu le moindre appel d’un directeur agacé. » Fin de la démonstration.

    Et pourtant, il ne lâche rien avec des semaines qui vont jusqu’à 120 heures : « Parfois, je ne quitte pas l’usine durant trois ou quatre jours, je ne mets pas le nez dehors. C’est au détriment de mes enfants (deux jumeaux de 14 ans et trois triplés de 12 ans en garde partagée) et de mes amis ».

    Dans cet échange avec des journalistes devenus psychologues, il affirme que le plus dur est passé pour Tesla qui parvient enfin à sortir 5 000 Model 3 par semaine, mais que le plus dur est à venir pour lui-même. Sa confession de l’obligation de prendre de l’Ambien, un puissant somnifère, pour s’endormir révèle d’autres difficultés… Et sa conclusion est académique : « Si vous connaissez quelqu’un qui peut faire un meilleur travail, faites-le moi savoir. Je lui laisse la place. Y a-t-il quelqu’un qui ferait mieux le job que moi ? Je lui donne les rênes maintenant. »

    À suivre : est-ce que Tesla a révolutionné l’industrie automobile ?

  • Surprise signée Elon Musk : Tesla Roadster

    Surprise signée Elon Musk : Tesla Roadster

    Elon Musk est un homme plein de ressources. Quand sa marque Tesla aligne les pertes, il annonce de nouveaux projets totalement fous. Pour faire oublier le retard d’un trimestre de la Model 3, voici un tracteur électrique et un nouveau Roadster.

    Après le succès d’estime de la Model S, les retards très conséquents de la Model 3, le gourou de l’automobile californienne vient de dévoiler un tracteur et une nouvelle génération de Roadster. Pourtant, de nombreuses questions restent en suspens… Alors que le multi-patron était attendu sur les problèmes d’industrialisation de sa berline de milieu de gamme et les résultats financiers toujours plus négatifs, Elon Musk a préféré se concentrer sur les performances d’un camion (0 à 100 km/h en 5 secondes ou 20 secondes avec une remorque chargée), avant d’annoncer des chiffres ahurissants autour de son Roadster.

    Un Semi et un Roadster

    La vitesse d’un tel camion est limitée à 90 km/h sur les routes françaises… L’autonomie promise atteint 800 km avec une pause de 30 minutes pour récupérer 640 km. C’est bien loin des performances des camions qui rouleront encore longtemps sur nos routes, mais si 40 exemplaires ont déjà été précommandés. La production devrait débuter en 2019.

    Chez le cabinet d’analyste Cowen, cité par Reuters, l’heure est pourtant à la défiance : « L’événement de la nuit dernière se résume à une liste de courses qu’Elon Musk doit effectuer à un moment où l’entreprise éprouve des difficultés à produire son véhicule de base. »

    Ces objectifs de production ont été repoussés de trois mois, tandis que Cowen chiffre à 20 milliards de dollars les besoins d’investissement futurs de Tesla… Pour un chiffre d’affaires de 2,3 milliards de dollars lors du deuxième trimestre 2017.

    La crainte des analystes

    Chez Jefferies, la situation est jugée encore plus sévèrement. « À long terme, nous continuons de penser que l’intensité capitalistique du modèle de Tesla produira un retour sur investissement inférieur à celui des meilleurs constructeurs automobiles. »

    Et pourtant, les marchés suivent. La dernière émission d’actions obligataires a permis de rassembler 1,8 millions de dollars sans peine et l’action a pris 40 % depuis le début de l’année.

    L’aura d’Elon Musk fait fonctionner la boutique. Face à son Roadster présenté par surprise, il a lâché quelques chiffres d’un autre monde : coupé 4 places, toit Targa, une batterie de 200 kWh (!!!) pour une autonomie de 997 km sur un cycle d’homologation plus contraignant que celui utilisé en Europe.

    Trois moteurs électriques entrainent les quatre roues pour un 0 à 100 km/h en 1,9 seconde et 400 km/h en vitesse de pointe.

    La commercialisation est programmée pour 2020 avec un tarif de base à 200 000 dollars. Les précommandes sont ouvertes contre un virement de 50 000 dollars. Si, vraiment, Tesla met sur le marché ce Roadster de 200 kWh en 2020 à 200 000 euros, le 0 à 100 km/h en moins de 2 secondes et une vitesse de pointe à 400 km/h, tout en ayant produit toutes les Model 3 commandées et avec le Tesla Semi sur les routes, quelque chose aura changé dans l’industrie automobile.

  • Tesla et l’Electric GT Championship arrivent en 2017

    Tesla et l’Electric GT Championship arrivent en 2017

    A la suite de la Formula E, c’est au tour de l’Electric GT Championship de bousculer les codes du sport automobile. Cette fois, c’est la Tesla Model S P85+ qui sert de base à cette nouvelle compétition mêlant le GT et l’électrique. Les essais ont eu lieu dernièrement sur les tracés de Barcelona et du Castellet. En quelques points, découverte de cette nouvelle formule.

    Autonomie

    Avec une seule batterie, les essais réalisés ont permis de parcourir 87 kilomètres sur le circuit Paul Ricard, avec Heinz-Harald Frentzen au volant de la Model S tandis qu’à Barcelone, 70 kilomètres ont été parcourus avec une charge. Sur le circuit catalan, c’est le pilote Pirelli Guillaume Meura et Agustin Paya, Directeur Sportif et technique de Electric GT qu’on retrouvait au volant de la belle américaine.

    Pneumatiques

    Après trois jours d’essais, c’était pas moins de 93 tours parcourus et 520 kilomètres qu’avait couvert l’équipe. L’objectif principal était là de développer les pneumatiques Pirelli, qui équiperont la formule l’an prochaine. Notons que c’est Michelin qui équipe exclusivement la Formula E.

    Agustin Paya : “Tout le monde a été impressionné par les premières performances de la Tesla Model S. J’ai fait 37 tours à bord de la voiture et elle était très bien en piste. Au cours des trois journées nous n’avons rencontré aucun problème et la fiabilité est très impressionnante. La dégradation des pneumatiques a été exactement conforme à ce que nous attendions et désormais nous allons faire d’autres essais fin novembre. »

    A quand en course ?

    Révélé à Ibiza le 27 septembre dernier, l’Electric GT Championship sera disputé dès 2017. Au volant de Tesla Model S, dix équipages et vingt pilotes seront au départ des circuits Paul Ricard, Barcelona-Catalunya, Zandvoort, Estoril et Nürburgring. Trois meeting auront lieu au USA, hors championnat.

    Fiche technique 

    Moteur placé à l’arrière
    Puissance environ 416 chevaux
    Couple 600 Nm
    0 à 100 km en 3 secondes
    Vitesse de pointe limitée à 220 kmh
    Longueur 5,07m ; Largeur 2,307m ; Empattement 2,98m
    Poids (pilote inclus) 1625 kg minimum
    Châssis aluminium Tesla Motors
    Moteur asynchrone à induction triphasé
    Pack de batteries lithium-ion 85 kWh – 534 kg

    Plus d’informations

    http://www.electricgt.co

    En images 

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    Tesla Model S, Electric GT Championship electric gt championship tesla

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    Tesla Model S, Electric GT Championship

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    Tesla Model S, Electric GT Championship

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    Tesla Model S, Electric GT Championship

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    Tesla Model S, Electric GT Championship

  • Elon Musk va-t-il aller au bout de son plan ?

    Elon Musk va-t-il aller au bout de son plan ?

    Un gouffre financier, d’énormes besoins en termes d’investissements, une enquête gouvernementale, Elon Musk va-t-il aller jusqu’au bout de son second plan pour Tesla ?

    Quasiment dix ans jour pour jour après la présentation de son premier « Master Plan » pour Tesla, Elon Musk a dévoilé sa vision pour l’avenir de la marque la plus hype de l’industrie automobile. Celui qui gère sa marque comme une entreprise IT va-t-il tenir face à tous les vents contraires ?

    En 2006, Elon Musk était surtout connu pour avoir acheté et vendu PayPal. Il travaillait sur le développement de SpaceX et venait de participer à plusieurs tours de table pour aider à la naissance de Tesla Motors fondé, notamment, par Martin Eberhard.

    À cette époque, avec plusieurs dizaines de millions de dollars déjà engloutis dans un constructeur qui n’a pas vendu la moindre voiture, Elon Musk s’impose comme le visionnaire de Tesla. Dans un premier « Master Plan », il annonce vouloir produire une petite série de véhicules électriques, puis un modèle plus largement distribué afin de préparer une arrivée massive sur le marché mondial. L’ultime partie de son programme d’origine promet de fournir de l’énergie solaire.

    Roadster, puis Model S afin de préparer l’arrivée de Model 3 (325 000 commandes dès la première semaine de commercialisation) : les objectifs sont remplis. Et la fourniture d’énergie solaire pourrait rapidement déboucher avec une offre d’achat sur SolarCity, dont Elon Musk est l’un des principaux actionnaires (!).

    Cet été, Elon Musk a présenté la seconde partie de son plan (Part Deux, en français dans le texte) sur son blog. Le premier point est la création de toits solaires avec l’intégration des batteries. Il vise également la création d’une gamme complète de véhicules (un SUV, un pick-up, un autocar, un poids lourd), le développement de la conduite autonome et, enfin, la possibilité donnée au propriétaire d’une Tesla de gagner de l’argent quand il ne se sert pas de sa voiture.

    tesla-models-powerwall

    La réussite – à grande échelle – du premier point suffirait à changer le monde. Si Tesla parvient à concevoir un panneau solaire qui intègre ses propres batteries et le distribue à grande échelle, la consommation d’énergie mondiale subira un sacré choc !

    Côté automobiles (ou transports), l’ambition de proposer une gamme complète est de placer Tesla au centre du marché pour multiplier les volumes et rembourser les énormes sommes investies en ce moment.

    Elon Musk explique : « Ce qui importe vraiment pour nous projeter vers un avenir durable, c’est d’être capable de multiplier les volumes de production le plus rapidement possible. Voilà pourquoi Tesla a fait le choix de se concentrer d’abord sur la conception des machines qui construisent les machines. Notre usine est elle-même un produit. Une première analyse des grands principes de la production automobile nous fait penser qu’entre 5 et 10 points d’amélioration sont réalisables sur une version 3 dans un cycle de 2 ans. La première chaine de montage de la Model 3 doit être considérée comme une version 0,5. La V1 arrivera probablement en 2018. »

    Au-delà du vocabulaire et de l’approche très IT qui ne manquera pas de décevoir ceux qui pensent acheter un produit 100 % développé lorsqu’ils reçoivent leur voiture neuve. Une Tesla est vendue comme un ordinateur avec un hardware figé et un software évolutif (en option). Les premiers clients sont considérés comme des bêta-testeurs. C’était d’ailleurs l’une des réponses de Musk lors de l’énorme engouement autour des Model 3. Les premiers servis seront les plus proches de l’usine pour permettre d’ajuster la production grâce aux premiers retours.

    Le déploiement de la fonction Autopilot Tesla en est à ce stade. Pas encore parfait, le système de conduite autonome a été acteur d’un premier décès en mai… Une publicité très négative dont les détracteurs de Tesla ont pu se réjouir. Mais combien d’accidents ont aussi été évités sur ces derniers mois ? La marque commence à réagir en favorisant l’éclosion de belles histoires autour de ce qui devrait – à terme – être le plus grand pas en avant de l’histoire de la sécurité routière.

    Mais pour en arriver là, Tesla doit survivre… Lors d’une conférence financière, Elon Musk a vite énoncé les chiffres : la marque a encore perdu près de 300 millions de dollars au deuxième trimestre avec des livraisons bien en deçà des objectifs (14 402 voitures contre 17 000 prévues). Côté production, 18 345 Tesla sont sorties de l’usine contre 20 000 annoncées.

    Et pourtant, Elon Musk poursuit sa fuite en avant. Il annonce un objectif de ventes de SUV compact, le Model Y, compris entre 500 000 et 1 million d’unités. Cette flamboyance continue de convaincre les investisseurs qui, malgré quelques moments difficiles, restent positifs.

    Tesla souffre pourtant de cette fuite en avant. Malgré un chiffre d’affaires en hausse, les pertes se creusent. La marque n’a jamais réussi à livrer ses modèles en temps et en heure et les objectifs de ventes ne sont plus atteints depuis plusieurs trimestres. Quant à la promesse de produire 500 000 voitures dès 2018, elle ne semble même plus être prise en compte.

    Elon Musk surfe sur la bulle qu’il a créée. Tesla est valorisée à 34 milliards de dollars pour un chiffre d’affaires de 8 milliards. À comparer aux 10 milliards d’euros (CA à 54 milliards) du Groupe Peugeot ou aux 22 milliards d’euros (CA à 49 milliards) du Groupe Renault…

    Tant que son patron parviendra à porter les espoirs des investisseurs, Tesla parviendra à trouver les fonds nécessaires à son développement… Mais il faudra bien trouver un palier pour commencer à générer des profits. C’est désormais sur ce point qu’Elon Musk doit convaincre pour pouvoir assurer les prochains mois de Tesla. À moins qu’il ne démantèle l’entreprise comme il l’avait plus ou moins fait avec X.com, devenu Paypal après le rachat du service de paiement en ligne. De plus en plus d’analystes y voient une réelle perspective.

  • Pas de politique !

    Pas de politique !

    Il y a quelques règles à suivre dans la communication… Dans beaucoup de domaines, il faut éviter de parler de religion ou de politique, des sujets trop clivant, parfois trop passionnés. Mais ce matin, la politique s’est encore emparée de la cause automobile. Et ce n’était pas glorieux.

    RMC Info, Ségolène Royal est l’invitée de Jean-Jacques Bourdin. Mise en scène habituelle, je ne vous refais pas le spectacle. 12e minute du podcast (il a fallu que je réécoute pour en croire mes oreilles) : Bourdin lance notre ministre sur Fessenheim. J’avoue que je n’ai pas d’avis sur l’avenir de nos centrales nucléaires. Je suis un passionné de l’atome, je défends ce mode d’énergie autant que je suis fasciné par 3-mile Island (dont l’anniversaire vient de passer), Tchernobyl ou Fukushima.

    Je ne vois pas trop comment on pourrait transformer une centrale nucléaire en usine automobile, mais si c’est possible, l’idée est presque géniale !

    Problème : quand on commence à échanger avec une personne aux tendances mégalomanes, il faut avoir un minimum de diplomatie. Disons que c’est peut-être la raison du raté de madame Royal qui briguait le Quai d’Orsay il y a quelques semaines…

    Car ce matin, notre ministre annonçait avec une voie fière :

    « L’idée m’est venue lorsque Elon Tusk, le patron de Tesla, est venu en France. Nous avons eu une réunion de travail. Au cours de la conversation, il m’a dit : ‘Vous savez que je me bats depuis longtemps pour la voiture électrique, c’est la voiture du futur, c’est le transport propre d’avenir. Je veux installer une usine en Europe. J’hésite entre la France et l’Allemagne.’ Je lui ai dit : ‘Pourquoi pas à la frontière franco-allemande sur le site du territoire au sens large de Fessenheim, pourquoi pas une usine franco-allemande. Les idées les plus créatives sont souvent celles qui se réalisent. »

    (Si vous n’êtes pas ministre, vous savez peut-être que le patron de Tesla s’appelle Elon Musk et que ce genre d’impairs peut avoir des conséquences)

    Pour rappel, Raymond Tusk est l’un des personnages principaux des deux premières saisons de House of Cards qui revient dans la saison 4 (c’était un spoil ?).

    Une heure plus tard, un débat anime l’antenne d’Europe 1 autour de Jean-Marc Morandini… Le thème n’est plus très clair (!), mais ça servait de défouloir contre la politique autophobe de la Mairie de Paris. Et là, Marie-Laure Harel, conseiller de Paris, nous annonce qu’une Renault ZOE coûte 23 000 euros, tandis qu’une Renault Clio diesel ne coûte que 11 000 euros. Je vous passe les échanges politiques des deux intervenants qui, semblent-ils, se connaissaient très bien et avaient rodé leurs échanges. Cette unique phrase, dans sa singularité, m’a attristé.

  • Faut-il précommander une Tesla Model 3 ?

    Faut-il précommander une Tesla Model 3 ?

    Quelle ne fut pas ma surprise de voir des files d’attente de plusieurs centaines de mètres devant des points de vente Tesla hier matin afin de précommander une Model 3… Pour une voiture encore virtuellement inconnue, plus de 130 000 commandes ont été enregistrés en quelques heures !

    130 000 précommandes, est-ce si énorme pour le marché américain ? OUI ! Les derniers chiffres publiés – en février – montre que la Série F de Ford, la plus vendue aux Etats-Unis, s’est écoulée à 60 697 exemplaires en un mois. Derrière, les Chevrolet Silverado et Dodge Ram sont respectivement à 43 000 et 38 000 unités. Première berline, la Toyota Camry s’était alors écoulée à 32 405 exemplaires.

    130 000 précommandes, c’est sans commune mesure avec les récents chiffres de Tesla. Sur toute l’année 2015, 50 580 véhicules ont été immatriculés.

    Note après un message de Tesla : ce samedi, la marque a annoncé avoir dépassé les 232 000 commandes. En 2016, Tesla vise la livraison de 80 à 90 000 véhicules.

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    Ce 1er avril était le signal d’un nouveau départ pour la marque automobile d’Elon Musk. Après avoir essuyé de nombreux revers, celui qui annonçait un objectif de 60 000 ventes dès 2015 cherchait un second souffle. Les milliards engloutis dans la construction de sa Gigafactory commencent à tendre les investisseurs. Tesla aborde un virage. A la manière de n’importe quelle entreprise en plein développement, elle a autant besoin de cash que de confiance.

    Pourtant, Elon Musk se comporte comme un leader du marché mondial. Et même s’il ne domine pas le marché du véhicule électrique autant que Nissan, il a gagné cette image de patron. Cette position lui a permis – jusqu’ici – de dépenser presque sans compter et de s’offrir des coups d’éclat.

    Celui d’hier, calqué sur une keynote d’Apple, reprend certaines notions du géant de Cupertino. Surtout celui du patron qui n’est pas à l’aise dans l’exercice… Mais la plus grande différence entre Tesla et Apple, c’est qu’un produit présenté par Apple est dans la poche des clients en quelques jours… Chez Tesla, il faut réserver un modèle contre un dépôt de 1 000 dollars et… et… et… attendre que la voiture soit prête un jour (à la fin de l’année prochaine sur son marché national, promet Elon). Le tarif annoncé est de 35 000 dollars, soit le prix moyen d’une voiture achetée neuve aux Etats-Unis.

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    Sur le papier, c’est parfait non ?

    Nouveau constructeur, Tesla s’affirme avec de nouvelles méthodes de ventes. Je fais un premier dépôt de 1 000 euros aujourd’hui et j’aurai la meilleure berline moyenne électrique dans 20 mois !

    Et bien ça, je n’y crois pas… Non pas que le dépôt de 1 000 euros vous sera refusé, évidemment. Mais la livraison est loin d’être acquise. Si c’était le cas, ceux qui ont acheté un Model X roulerait avec depuis une année entière… Et oui, en avril 2014, 13 000 acomptes de 4 000 euros avaient été reçus par Tesla pour une livraison de Model X « début 2015 ».

    Et n’allez pas croire qu’il suffit de mettre un tweet de pression à Elon Musk pour faire avancer les choses. Ceux qui l’ont fait ont vu leur commande être annulée !

    Note après un message de Tesla : Evidemment, l’acompte est remboursé dans ce cas…

    Alors faut-il précommander une Model 3 ? Si vous aviez l’assurance de l’avoir dans moins de trois mois, je dirais oui. Rouler en électrique, dans une voiture d’image avec des performances remarquables et si le design ne vous rebute pas : oui, oui et oui.

    tesla-model-3-presentation

    Sachez néanmoins que les 35 000 dollars annoncés par Elon Musk ne seront pas équivalents à 30 700 euros selon la conversion actuelle. Comptez près de 40 000 euros (aide de l’état déduite) selon les écarts constatés aujourd’hui sur une Model S 70D. Et ça fait une sacrée différence !

    Sans avoir la certitude de la date de livraison, il est vraiment difficile d’affirmer que vous recevrez la meilleure des berlines électriques du moment. BMW et les autres travaillent sur des concepts équivalents et l’hybridation va enfin prendre un envol global. Et tant que tout le monde n’aura pas dévoilé ses plans et ses objectifs, il sera difficile d’être convaincu que la Tesla Model 3 est la meilleure voiture de son segment naissant.

    Cette Model 3 pourrait pleinement profiter à Tesla et finaliser son lancement dans la cour des grands. La création d’une gamme et l’arrivée de centaines de milliers de clients par an pourrait placer définitivement la marque sur l’échiquier automobile. A titre d’exemple, Porsche a vendu 225 000 véhicules en 2015 avec un bénéfice d’exploitation de 3,4 milliards d’euros.

    Tesla devait dégainer rapidement pour être la première marque sur ce segment. Mieux, l’apport de 130 000 dépôts de 1 000 dollars va donner un sursis de quelques semaines à Elon Musk pour développer sa Model 3… Quelques semaines ? Oui, un récent article économique annonçait que Tesla avait englouti 1 milliard de dollars en 2015. A ce rythme, Tesla ne pouvait peut-être pas fêter la nouvelle année 2017…

    Le succès de l’ouverture des précommandes donne donc un vrai bol d’air économique. Plus important encore, il montre à tous les investisseurs que Tesla est LE nouveau phénomène industriel et qu’ils peuvent encore éponger quelques milliards le temps que leur capital se transforme en rente.

    Tesla est né dans la Silicon Valley, pas à Detroit. Et c’est sans doute cet unique détail qui change tout.