L’histoire commence comme pour n’importe quel nouveau modèle haut de gamme. Jaguar présente un concept incroyable lors du Mondial de l’Automobile de Paris 2010. Le public l’adore et le projet est lancé en 2011 au cœur du méga plan d’investissement de Jaguar Land Rover… Et puis patatras.
Vendre une supercar est un pari risqué. Si le modèle reçoit un accueil favorable, il peut s’écouler à quelques dizaines, quelques centaines d’exemplaires à des tarifs parfois exorbitants… Mais si sa conception s’avère compliquée, l’initiative peut coûter très cher. C’est ce point qui a refroidi Jaguar.
En 2010, la C-X75 trône sur le stand du Mondial de Paris… Supercar hybride, elle cache une paire de moteurs à réaction capables de générer de l’électricité pour suppléer une batterie. Le concept est fou !
L’accueil du public et de clients potentiels est tel que Jaguar demande à Williams F1 de réfléchir à une production limitée de ce véhicule inédit. Face au potentiel de développement, le gouvernement britannique débloque même un budget pour participer aux recherches.
Par un jeu de participations, les moteurs à réaction étaient réalisés par Bladon Jets, dont l’actionnaire principal s’appelle Tata, le même que Jaguar Land Rover… Mais, très vite, Williams a abandonné l’idée pour proposer un 4 cylindres turbo de 1,6 litre développé par Cosworth et destiné à produire 500 chevaux à 10 000 tours/minute. Les turbines auraient enregistré des émissions de CO2 hors-norme pour les homologations.
Début 2011, le projet semble sur la bonne voie. Jaguar laisse entendre que 250 exemplaires entreront en production à un tarif autour de 940 000 euros HT. Côté performances, on annonce une vitesse de pointe à 330 km/h, le 0 à 100 km/h en moins de 3 secondes, des émissions de CO2 sous la barre des 100 g/km et 65 km d’autonomie 100 % électrique.
Puis, le développement a débuté. Williams a passé le concept dans une soufflerie. L’installation des moteurs électriques, de la batterie et du moteur 4 cylindres réclamait bien plus d’air que le dessin original ne pouvait laisser entrer. Le nez, le toit et les flancs de la voiture ont été redessinés pour attirer un maximum d’air et dix-sept radiateurs ont été installés un peu partout.
Après de longues séances de modélisation, cinq prototypes fonctionnels ont été produits en 2012. Le développement a pu être commencé jusqu’à ce que Jaguar décide de tout arrêter à la fin de l’année 2012 avec l’ambition de transférer l’expérience acquise à d’autres modèles du groupe…
Une centaine de clients s’était fait connaître, sans qu’aucun ne dépose un acompte.
Au moment de l’annonce de l’arrêt du programme, il avait été envisagé de vendre aux enchères trois des cinq prototypes. Ils n’ont jamais été proposés. En revanche, deux de ces voitures ont été utilisées dans 007 Spectre, le 24e épisode de la série de films James Bond.