Les F1 alignées par Ferrari n’ont pas toujours été rouges… Pire ! L’un des pilotes de la Scuderia a conquis un titre mondial au volant d’une Ferrari bleue.
Nous sommes en pleine saison 1964. Enzo Ferrari est en conflit ouvert avec la Fédération Automobile Italienne. L’autorité sportive n’a pas homologué la 250 LM proposée par la Scuderia.
Fou de rage, le Commendatore décide de ne pas engager « ses » Ferrari au départ des deux dernières courses de la saison, aux Etats-Unis et au Mexique.
Pourtant, ses pilotes sont encore en lice pour remporter le titre Pilotes et Ferrari est en tête du classement des Constructeurs. A deux Grands-Prix de la fin de la saison, ils sont encore six à pouvoir être titrés : Graham Hill (BRM), Jim Clark (Lotus-Climax), John Surtees (Ferrari), Lorenzo Bandini (Ferrari), Richie Ginther (BRM) et Bruce McLaren (Cooper-Climax).
Les 158 F1 (moteur V8) et 1512 F1 (V12) sont pourtant envoyées de l’autre côté de l’Atlantique. Mais Enzo Ferrari tient sa promesse. Ferrari n’engage pas ses pilotes. Ils confient ses voitures à NART, le premier concessionnaire Ferrari des Etats-Unis.
Les Ferrari sont donc aux couleurs américaines : bleue et blanche. Graham Hill et sa BRM s’imposent à Watkins Glen devant la Ferrari de John Surtees.
Au Mexique, ils ne sont plus que trois à pouvoir rêver du titre. Graham Hill compte 39 points mais doit en décompter potentiellement trois, John Surtees a 34 points et Jim Clark 30.
Clark doit gagner et espérer un résultat blanc de ses rivaux. Le pilote Lotus signe la pole et s’élance en tête. Durant quelques tours, il est même virtuellement champion ! Graham Hill est au 10e rang avec l’élastique de ses lunettes cassé et Surtees est 13e avec des coupures moteur.
Après douze tours, Hill est sur le podium provisoire et reprend la tête de la course au titre. Mais Lorenzo Bandini, l’équipier de Surtees chez Ferrari, l’attaque et les deux voitures partent en tête-à-queue avant de repartir.
Débarrassé de ses problèmes moteur, Surtees en profite et s’installe en troisième position. Graham Hill fait un passage par les stands et revient en piste avec deux tours de retard.
Toujours en tête, Clark voit la situation tourner à son avantage. Surtees troisième et Hill hors des points, il n’a qu’à atteindre l’arrivée sur la plus haute marche du podium pour décrocher le titre. Chez NART, on laisse Lorenzo Bandini, dont la Ferrari 1512 F1 à moteur V12 est plus rapide, passer devant John Surtees.
Mais coup de théâtre à sept tours de l’arrivée. La Lotus de Jim Clark commence à perdre de l’huile. Dans le tout dernier tour de la saison, Jim Clark doit s’arrêter, moteur cassé. Dan Gurney passe et s’impose. Derrière, les bleus et blancs (et rouges) réagissent en quelques secondes. Lorenzo Bandini se range pour laisser la deuxième place à John Surtees. Le Britannique marque six points et devient le premier pilote à remporter un titre mondial en moto et en auto… Sur une Ferrari bleue !
F1FerrariJohn Surtees