En juin 2011, sur le circuit de Watkins Glen, un certain Lewis Hamilton, alors double champion du monde de Formule 1, a pris le volant d’une Chevrolet Impala de NASCAR Cup Series. Face à lui : Tony Stewart, triple champion de la discipline américaine. L’exercice ? Un échange de volants orchestré par les sponsors communs des deux pilotes, Vodafone et Mobil 1. Mais ce qui ne devait être qu’un coup marketing s’est transformé en démonstration.
À l’époque, Lewis Hamilton roule pour McLaren-Mercedes. Il est déjà considéré comme l’un des talents les plus électrisants de la F1 moderne, fort d’un titre mondial décroché en 2008. Tony Stewart, lui, est l’un des visages de la NASCAR : double champion (1999, 2005) et futur triple (son troisième sacre viendra en fin de saison 2011), il est reconnu pour sa pugnacité et son style sans fioritures.
Les deux hommes se retrouvent à Watkins Glen, un tracé routier mythique utilisé à la fois par la NASCAR et jadis par la Formule 1. Le concept : Stewart découvre la McLaren MP4-23 de F1, tandis que Hamilton s’essaie à la Chevrolet Impala n°14, la voiture habituelle de Stewart. Le tout devant les caméras, sous l’œil des sponsors, et avec le soutien logistique de McLaren et Stewart-Haas Racing.
Ce seat swap n’est pas une première dans l’histoire : Valentino Rossi et Schumacher avaient tenté l’exercice, tout comme Montoya et Gordon. Mais cette fois, les observateurs vont être surpris par la vitesse d’adaptation du Britannique.
Lors de cet essai, Lewis Hamilton aurait signé des temps au tour plus rapides que ceux de Stewart dès sa première vraie tentative. Bien sûr, Stewart avait roulé le matin pour régler la voiture et s’acclimater, mais le chrono brut reste impressionnant : sans jamais avoir conduit de stock-car auparavant, Hamilton se montre immédiatement à l’aise.
La presse américaine s’étonne alors : comment un pilote de Formule 1 peut-il dompter si rapidement une voiture aussi lourde, rustique et exigeante que celle d’un NASCAR Cup ? La réponse est simple : le talent pur, l’adaptabilité, et une capacité à sentir la limite, quel que soit le contexte technique.
Tony Stewart, bon joueur, confiera plus tard à ESPN : « Ce gars a un talent incroyable. Il a su extraire le maximum de cette voiture en un temps record. C’est l’un des meilleurs que j’ai jamais vus. »
Hamilton, de son côté, confiera qu’il a adoré l’expérience, même s’il reconnaissait les énormes différences entre les deux disciplines. Les freins, la position de conduite, le poids, la boîte de vitesses manuelle… tout est à l’opposé de ce qu’il connaît. Et pourtant, cela ne l’empêche pas de dominer le chronomètre.
Une démonstration au-delà du marketing
Ce qui devait être un simple échange promotionnel est devenu un moment culte dans la mémoire des fans. Une preuve supplémentaire que les très grands pilotes peuvent briller dans n’importe quelle machine. Comme Jim Clark, Mario Andretti ou d’autres avant lui avant lui, Hamilton rejoint ce cercle fermé de ceux qui traversent les disciplines avec succès.
Et cette journée à Watkins Glen a peut-être été le premier vrai point de contact entre Lewis Hamilton et la culture américaine du sport automobile. Dix ans plus tard, en 2021, le Britannique deviendra copropriétaire de l’écurie Denver Broncos en NFL. Une trajectoire qui montre que le seat swap de 2011 n’était pas juste un coup de com’.
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