107 engagés pour le 1er Hoppeland Carto – une deuxième place finale pour la MINI John Cooper Works qui nous avait été confiée par MINI France – 170 kilomètres les yeux grands ouverts, autant sur le road book que sur la route – la pluie, la nuit – MERCI !
15h30 – Rendez-vous à l’Estaminet Nouveau St-Eloi. Le parking de la longue bâtisse ressemble à une rencontre de passionnés d’automobiles. Une Trabant attire les regards. Son équipage vient de boucler le Rallye Monte-Carlo historique et le Rallye Neige et Glace à son bord. Notre MINI John Cooper Works côtoie des modèles plus classiques, dont de toutes petites MINI, et les voitures de la catégorie « Rally Look-Alike » attirent. Les Ford Escort, Opel Manta, Audi quattro sont parmi les plus prisées des photographes.
16h00 – Breifing. L’ambiance change en quelques secondes. Bruno Brissart – un copilote d’expérience que l’on a vu évoluer aux côtés de François Chatriot, Yves Loubet ou François Duval – prend la parole. Deux cents personnes s’amassent autour de lui pour écouter. Celui qui porte le projet de ce 1er Hoppeland Carto résume l’épreuve pour les quelques novices, dont je fais partie.
Road Book en main, le copilote doit mener son pilote sur la bonne route. Précision utile, une case de road book se lit du point vers la flèche. (C’est un détail, mais ça va nous coûter une belle séance de jardinage !) Un carnet de bord sera remis à l’équipage au départ. De petits panneaux affichant une lettre ou un chiffre sont disséminés tout au long du parcours. Il suffit de les reporter sur le fameux carnet de bord. Attention, seuls les panneaux placés à droite de la route sont à prendre en compte ! Pour départager les éventuels ex-aequo, quelques cases sont présentées sans les kilométrages. Il faudra simplement les indiquer à 100 mètres près.
Le barème des pénalités est simple : une lettre ou un chiffre manqué, c’est 50 points. Une lettre ou un chiffre inventé, c’est 100 points. Et chaque centaine de mètres d’écart sur les kilométrages coûte 20 points.
16h45 – C’est parti ! Victime de son succès avec une centaine de voitures pour une cinquantaine espérée, le rallye est lancé sans prendre en compte les numéros de course. Avec notre numéro 37, traditionnel pour une MINI en compétition, nous partons parmi les premiers pour profiter d’un maximum de lumière durant la première boucle de 90 kilomètres.
Le départ n’est donné qu’à partir de la case 2… Nous partons donc avec un écart de 110 mètres par rapport à notre compteur. Changement de direction à droite. 200 mètres plus loin, à gauche. 120 mètres après, tout droit. 400 mètres et tout droit… Le premier kilomètre est déjà passé.
Mais qu’est-ce qui peut se passer dans notre petite tête lorsque l’on prend le départ de n’importe quel type d’épreuves pour que ça se termine à chaque fois par un podium ?
107 équipages étaient inscrits, dont une trentaine dans la catégorie Toertimer (moderne). Malgré notre relative inexpérience, l’ambition est de terminer au moins dans le top 10 des voitures de moins de vingt ans. Et comme à chaque fois, ce serait quand même bien de terminer sur le podium !
17h05 – Les dix premiers kilomètres sont avalés. Je partage mon inexpérience avec Jean-Charles. Nous n’avons pas encore vu la moindre lettre ou le moindre chiffre sur le côté droit de la route. Est-ce que l’on aurait déjà raté les premiers ? En bon copilote, il tempère… Ne pas avoir croisé de premier « test » en tout début de course n’a rien d’anormal sur un parcours de 190 km.
17h30 – Tout me semble trop facile. On roule. Jean-Charles lit les cases, j’exécute. Pas de piège, pas d’erreur… J’imagine déjà des pièges supplémentaires pour une prochaine participation ! Nous passons à Saint-Omer, à une quarantaine de kilomètres du départ.
18h00 – La lumière commence à décroître. Nous notons les quelques lettres et chiffres parfois un peu cachées. Ça se joue surtout dans les changements de direction. A quelques centaines de mètres d’un contrôle de passage situé dans un café, les questions se multiplient dans la MINI… Le plus simplement du monde, la route n’est plus vraiment représentative du road book (ou l’inverse !). Il faut s’arrêter, se rappeler des précédents changements de direction, analyser les cases. Admettons… Mais nous avons parcouru un kilomètre de trop, sans comprendre comment. Face à nous, un contrôle secret des organisateurs ne fait qu’accentuer le stress. Sommes-nous dans le bon sens ? Le carnet est tamponné et nous poursuivons notre route vers « Chez Marcel ». Nouveau coup de tampon et un autre exercice débute.
Cette fois, il n’y a plus de cases. Juste une carte. On part et on redescend vers le contrôle secret, à contre-sens des autres concurrents. Stop, demi-tour et retour au café, encore planté ! Il ne fallait pas partir à gauche, mais à droite ! (On ne l’apprendra qu’à la fin, mais c’est là que nous perdons le rallye…). La suite impose une nouvelle gymnastique, le compteur affiche quelques kilomètres de plus que le road book.
100 kilomètres à écouter un copilote, à scruter le bas-côté pour trouver les indices… Je perds toute ma concentration. Jean-Charles annonce, je rate les changements de direction. Durant quelques kilomètres, le copilote s’occupe autant du pilote que de la route. Il me réveille, me remotive pour continuer. Et dire que je trouvais ça trop facile au départ !
Virage à droite, freinage. Je crois apercevoir une lettre cachée dans les herbes. Comme quasiment toujours, j’ai réglé mon siège le plus bas possible. Jean-Charles est reculé au maximum pour bénéficier de suffisamment d’espace pour tous ses outils, dont une tablette, sur laquelle il a son road book, sur lequel il pointe repères, kilométrages et diverses informations. Effectivement, dans le bas côté, il y avait bien un « G » à noter. Je remonte mon siège au maximum. C’est l’expérience qui entre : toujours être le plus haut possible pour mieux voir la route et les alentours.
Un peu plus loin, changement de direction vers la gauche. Puis à gauche dans 700 mètres… On entre dans une ferme, aucune issue. Demi-tour. La prochaine voie à gauche est 300 mètres plus loin. La case suivante indique un changement de direction à 1 kilomètre. Mais 700 mètres plus loin, nous croisons une départementale. Demi-tour, il faut tout reprendre. Ça ne fonctionne pas. Deuxième tentative, mêmes questions, même problème. Jean-Charles décide d’oublier les dernières minutes et de partir à la recherche de la dernière case validée. Juste avant la ferme, le piège est repéré. La flèche du road book part visuellement vers la gauche, mais le point de départ est situé en haut… Il fallait prendre à droite !
Déceler un piège, c’est comme une victoire d’équipe !
La nuit tombe, la pluie aussi… On n’a repéré qu’une unique lettre, ce « G » caché au moment de terminer la boucle. C’est trop peu pour que ce soit effectivement un sans-faute.
19h40 – Carnet rendu, rendez-vous au buffet : carbonnade flamande frites au menu, nous dînons local. Le départ de la seconde boucle est programmé dès 20h00. Discussions avec d’autres équipages : il n’y avait que deux lettres à trouver entre le café et l’estaminet… Le C qui nous manque était juste après le café. Là où nous nous sommes égarés !
20h15 – C’est déjà le moment de repartir. Il ne pleut plus. Un coup d’œil sur la quantité de carburant restante. La consommation est inférieure à 10 litres / 100 km, ça nous permettra de nous perdre durant quelques heures !
21h00 – Le parcours est totalement différent. J’avoue être totalement perdu à suivre les cases dictées par Jean-Charles. Lui connaît cette région pour avoir participé au Hoppeland Rally avec une Triumph Dolomite, ou encore au Rallye des Routes du Nord ou des Flandres. D’une route à l’autre, il cite le nom des spéciales, prévient des pièges très connus.
21h40 – Malheureusement, tout le monde n’a pas la chance d’avoir un copilote aussi expérimenté ! Jean-Charles m’annonce un piège, j’arrive au pas au moment d’apercevoir plusieurs voitures garées. Une Ford Fiesta ST est échouée loin sur un talus et plusieurs autres concurrents essaient de la remettre sur la route. On apprendra plus tard que seule une attache de pare-chocs a cédé… Ouf, car ça paraissait moche.
21h50 – A proximité d’un village, des voitures roulent dans tous les sens. Ça fait demi-tour, ça part à gauche, à droite. Tout le monde jardine. Jean-Charles affirme qu’il faut aller à droite. On s’arrête, on regarde. Dans l’instant, on remarque le piège… Des cases sont inversées sur la page. Il ne faut pas les suivre horizontalement, mais passer d’un numéro de case à un autre. Là encore, c’est une grande joie d’avoir remarqué le piège !
22h00 – Les organisateurs nous ont remis une page supplémentaire au moment du départ. Le road book initial est modifié par cet additif à cause d’une route barrée par des travaux. Ce n’est pas fait exprès, mais ça va compliquer notre tâche. Toute cette portion est présentée sans le moindre kilométrage qu’il faut écrire nous-même, à la centaine de mètres près.
L’exercice demande une attention encore supérieure, mais tout semble parfaitement se passer… Mais au moment de retrouver la première case kilométrée, le différentiel est de trois kilomètres ! En ayant eu l’impression de faire un passage parfait, nous avons « raté » trois kilomètres. La MINI est à nouveau garée. Sur un bloc-notes, on calcule et on recalcule. Pour gommer la différence, nous décidons de réajuster la vingtaine de cases pour gommer ces trois kilomètres… C’est reparti !
22h30 – Un éclair dans la voiture… S’il y avait un différentiel de trois kilomètres, c’est que le parcours avait été modifié par un additif. Il est donc tout à fait possible que le parcours officiel soit 3 km plus court ! Séance de « décalcul » pour revenir aux données initiales !
23h00 – C’est l’arrivée… Un dernier contrôle de passage avant le dernier virage. Une MINI classique est arrêtée à cet endroit, alternateur en panne. Elle finira tractée par un autre concurrent. Au moment de rendre le carnet de route, on nous demande de répondre à une question : quelle était la distance entre deux cases (là où il fallait noter les kilométrages). La soustraction donne 6,08 kilomètres.
Tout le monde se regroupe dans l’Estaminet. La fatigue se lit sur les visages. Les équipages arrivent, jusqu’à la voiture balais. La remise des prix peut débuter…
Les trois premiers de chaque catégorie sont récompensés. Des plus anciennes voitures aux plus récentes… Les Toertimers arrivent et nous sommes deuxièmes avec une unique pénalité de 50 points, le fameux C manqué ! Quant au kilométrage, la réponse était 6,025 km.
Au classement général, seul le vainqueur du Toertimer est réalisé un sans faute. Nous sommes donc aussi deuxième ex-aequo, sur 107 engagés !