Chaque printemps depuis plus d’un demi-siècle, la petite ville de Moab, nichée dans les paysages spectaculaires de l’Utah, devient la capitale mondiale du tout-terrain. L’Easter Jeep Safari, né en 1967 sous l’impulsion de quelques passionnés locaux, est devenu bien plus qu’un simple rassemblement : c’est une célébration de la culture Jeep, un laboratoire roulant pour les prototypes les plus fous et une vitrine vivante de la passion américaine pour l’aventure en 4×4.
Une naissance modeste
Tout commence modestement à la fin des années 60. L’association locale des commerçants de Moab, soucieuse de prolonger l’activité économique au-delà de la saison touristique, organise une randonnée tout-terrain le dimanche de Pâques. Quelques Jeep Willys, CJ et pick-up s’élancent sur les pistes rocailleuses du désert rouge. Le décor est déjà là : canyons vertigineux, arches naturelles, sentiers de slickrock si abrasifs qu’ils offrent une adhérence exceptionnelle… Moab devient vite un terrain de jeu mythique pour les amateurs de franchissement.
Au fil des décennies, le bouche-à-oreille transforme ce petit événement local en rendez-vous incontournable. L’Easter Jeep Safari dure désormais neuf jours et attire des milliers de participants venus des quatre coins des États-Unis et d’ailleurs, souvent avec leurs Jeep personnalisées, prêtes à affronter les obstacles les plus extrêmes.
Jeep, marque-pilote et show à ciel ouvert
Dès les années 90, la marque Jeep comprend l’opportunité que représente cet événement. Elle y voit à la fois un terrain d’essai grandeur nature et une scène idéale pour affirmer son ADN. Chaque année depuis 2002, Jeep dévoile à Moab une série de concepts uniques, spécialement conçus pour le Safari. Ces prototypes mêlent nostalgie, innovation, et exubérance mécanique.
On se souvient du Jeep Mighty FC Concept (2012), inspiré des camions à cabine avancée des années 50, ou encore du Jeep Magneto, un Wrangler électrique à boîte manuelle, proposé en plusieurs évolutions depuis 2021. Certains de ces concepts flirtent avec la série limitée, d’autres restent des études d’image, mais tous servent à renforcer l’aura de la marque auprès des puristes.
C’est aussi à Moab que Jeep teste les composants de ses futurs modèles : nouvelles transmissions, suspensions renforcées, éléments de carrosserie. Loin des salons aseptisés, les retours des pratiquants influencent directement l’évolution des modèles de série.
Un ancrage culturel fort
L’Easter Jeep Safari n’est pas qu’un salon à ciel ouvert, c’est un rituel. Ceux qui y participent — parfois depuis trois générations — cultivent une forme de fidélité tribale à la marque et à la pratique du tout-terrain. Les sentiers comme Hell’s Revenge, Poison Spider Mesa ou Metal Masher sont devenus aussi emblématiques pour les Jeepers que la Nürburgring l’est pour les pistards.
Aujourd’hui, alors que la transition électrique redessine les contours du 4×4, Moab reste un repère : un lieu où l’on célèbre encore le lien brut entre l’homme, la machine et la nature. Un endroit où Jeep rappelle que, malgré les écrans tactiles et les algorithmes, l’aventure commence toujours là où finit la route.
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