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« C’était un Rendez-vous » : une course folle à travers Paris

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« C’était un Rendez-vous » : une course folle à travers Paris

Claude Lelouch, l’un des cinéastes les plus audacieux de son époque, a réalisé en 1976 un court métrage devenu légendaire, « C’était un Rendez-vous ». Ce film, qui capture une course effrénée à travers les rues désertes de Paris, est souvent cité comme l’un des meilleurs films de voiture de l’histoire du cinéma. Sa réalisation, mystérieuse et controversée, a longtemps fasciné les amateurs de cinéma et les passionnés de l’automobile.

La genèse d’une idée folle

Après avoir terminé le tournage de « Si c’était à refaire » avec Catherine Deneuve, Claude Lelouch se retrouve avec quelques mètres de pellicule inutilisés. Il décide alors de les utiliser pour un projet audacieux : filmer une course à grande vitesse à travers Paris. L’itinéraire qu’il choisit est emblématique, partant de la Porte Dauphine pour finir au Sacré-Cœur, en passant par des lieux emblématiques comme l’Arc de Triomphe, la Place de la Concorde, Le Louvre et l’Opéra.

Une réalisation technique ingénieuse

Pour réaliser ce court métrage, Lelouch fixe une caméra Caméflex à l’avant de sa voiture, une Mercedes 450 SEL. Bien que la rumeur ait longtemps couru que la voiture utilisée était une Ferrari, c’est bien la Mercedes de Lelouch qui traverse Paris à une vitesse vertigineuse. Lelouch post-synchronise toutefois le bruit d’une Ferrari 275 GTB pour ajouter une sensation de vitesse et de puissance à la séquence.

Lelouch n’est pas seul dans cette aventure. Son chef-opérateur est assis à côté de lui, contrôlant l’ouverture et la mise au point de la caméra avec une petite télécommande. Pour garantir la sécurité à un point particulièrement dangereux du parcours, Lelouch place un assistant, Elie Chouraqui, à la sortie du tunnel du Louvre. Cependant, le talkie-walkie censé avertir Lelouch en cas de danger ne fonctionne pas, rendant la course encore plus périlleuse.

Un film sans trucage

Ce qui rend « C’était un Rendez-vous » particulièrement impressionnant, c’est l’absence totale de trucages. Lelouch conduit vraiment à des vitesses dépassant les 200 km/h, brûlant 18 feux rouges et évitant de justesse piétons et véhicules. Le film capture la véritable folie et l’adrénaline de cette course illégale, réalisée tôt le matin pour minimiser les risques.

Les conséquences et l’immortalité

Après la projection du film, Lelouch est arrêté et interrogé par la police. Initialement, il prétend qu’un pilote de F1 était au volant, mais finit par avouer la vérité. Lelouch raconte dans sa biographie que son permis de conduire lui est retiré, puis rendu immédiatement après grâce à l’intervention d’un commissaire impressionné par le film.

Malgré son illégalité et les risques énormes encourus, « C’était un Rendez-vous » est acclamé pour sa réalisation audacieuse et son intensité. Le court métrage de huit minutes reste une œuvre intemporelle qui évoque la liberté et la folie de son réalisateur. Lelouch lui-même admet que ce film reflète sa propre folie et son désir de braver les interdits.

L’influence durable

« C’était un Rendez-vous » a influencé de nombreux cinéastes. John Frankenheimer l’a étudié en détail pour les scènes de poursuite de « Ronin », tandis que Christopher McQuarrie s’en est inspiré pour la séquence parisienne de « Mission: Impossible – Fallout ». Pour Lelouch, cependant, ce film est avant tout une déclaration d’amour. L’objectif de cette course à travers Paris est de rejoindre sa fiancée de l’époque, Gunilla Friden, qui apparaît dans la dernière image du film.

Un héritage cinématographique

Le court métrage « C’était un Rendez-vous » reste une œuvre phare dans l’histoire du cinéma, non seulement pour sa réalisation technique audacieuse mais aussi pour l’émotion brute et la passion qu’il capture. Lelouch a réussi à transformer un simple trajet en voiture en une déclaration intense d’amour et de liberté.

Ce film est disponible gratuitement sur le site du CNC jusqu’à samedi, offrant aux nouvelles générations l’opportunité de découvrir ou redécouvrir cette course folle à travers Paris. « C’était un Rendez-vous » est un rappel poignant de l’époque où le cinéma pouvait être une aventure dangereuse, mais incroyablement captivante.

En fin de compte, « C’était un Rendez-vous » n’est pas seulement un film de voiture ; c’est une œuvre d’art qui transcende les genres, racontant une histoire d’amour passionnée avec une ville, une voiture et une femme. C’est une célébration de la liberté, de l’audace et de l’ingéniosité, qui continue d’inspirer et de fasciner plus de quarante ans après sa réalisation.

Author: Rédaction

Rédaction AUTOcult.fr